La console sous Android Anbernic RG552 a-t-elle ce qu’il faut pour être votre portable dédiée au cloud gaming ? Notre test vous répond.
Anbernic, constructeur déjà bien connu et respecté dans le milieu du rétrogaming, a fait un pas de plus vers le cloud gaming avec son dernier produit. L’Anbernic RG552 est en effet la première console grand format du constructeur, et aussi la première à être propulsée par Android. De quoi retrouver les applications de tous vos services de cloud gaming préférés comme Nvidia GeForce Now ou encore le Xbox Game Pass. Hélas, notre test de l’Anbernic RG552 prouve qu’elle n’est pas à la hauteur, malgré le fait qu’elle soit une console sous Android compétente.
Fiche technique de l’Anbernic RG552
- Écran : 5,36 pouces IPS, 1920 x 1152px, format 5:3
- SoC : Rockchip RK3399
- RAM : 4 Go LPDDR4
- Stockage : 64 Go eMMC 5.1 (interne), deux ports microSD (dont un dédié à Linux)
- Batterie : 2x 3200 mAh
- Connectiques : mini HDMI, port jack, USB-C (fichiers), USB-C (charge), Wi-Fi 2.4 GHz
- OS : Android (base), Linux (via microSD)
- Refroidissement : actif
- Audio : deux haut-parleurs stéréo
Design de l’Anbernic RG552
Si vous êtes déjà familiers avec les produits de la marque, vous aurez très vite remarqué que l’Anbernic RG552 est en tous points similaires à la RG351M… mais en grand format. Pour ceux qui ne le sont pas, sachez qu’il s’agit fondamentalement d’un bon gros rectangle de métal, qui respire bon la solidité. Les bordures autour de l’écran ne sont pas sans rappeler la Nintendo Switch Lite, tout comme son format très plat dont la préhension n’est aidée que par deux petits pads en caoutchouc au dos.
À l’avant, on retrouve les boutons classiques : Start, Select, B/A/Y/X à la manière de Nintendo, une croix directionnelle et deux joysticks cliquables pour fournir R3/L3. Sur le côté gauche, nous avons les boutons de volume. A droite, le bouton de veille. En haut, vous retrouverez les gâchettes L1/L2/R1/R2 placées en couple sur les deux côtés. Un port mini HDMI vous permet d’étendre votre affichage sur un écran, un port jack de connecter votre casque filaire. Et enfin, vous avez deux ports USB-C qui remplissent deux usages différents : l’un est pour le transfert de fichiers, qu’il s’agisse de la mémoire interne ou de la carte microSD, tandis que l’autre est dédié à la charge.
En bas de l’appareil, on retrouve tout d’abord un premier port microSD baptisé « INT. », qui est dédié à l’inclusion de l’OS Linux qui se lance via cette carte. Un bouton Reset permet de relancer intégralement la machine. Un bouton « F » permet d’activer quelques fonctions via Linux, qui ne sont pas si biens supportées sur Android. Et enfin, le deuxième port micro SD est un port d’extension de mémoire classique. Les deux haut-parleurs stéréo sont également placés ici. Notez que pour les deux ports micro SD, il me faut obligatoirement faire appel à une pince à épiler pour intégrer et enlever des cartes SD tant ils sont profonds. Il est également très facile d’insérer une carte dans le mauvais sens : faites preuve de minutie à l’usage.
Ergonomie de l’Anbernic RG552
Le moins que l’on puisse dire en prenant en main l’Anbernic RG552 est que l’on ressent immédiatement qu’elle a été faite avec les consoles 8 et 16 bits en tête. La position la plus naturelle pour la prendre en main est simplement la même que lorsque l’on prend une manette Super Nintendo en main : le pouce gauche sur la croix, le pouce droit sur les boutons B/A/Y/X, les index sur R1 et L1. Prise ainsi, la console est très confortable : si les boutons sont un peu durs d’entrée de jeu, la croix est précise et la sensation de clique des gâchettes comme des boutons de façade est excellente. Contrairement à la Nacon MG-X Pro, on n’a pas oublié d’avoir un dôme par ici !
C’est pour une utilisation plus moderne que l’Anbernic RG552 perd immédiatement de sa superbe. Les sticks, placés parallèlement à la croix et aux boutons, sont presque inutilisables tant ils forcent une position qui n’est pas naturelle sur la console. Très bas, ils rendent l’accès à R2/L2 presque impossible sans une gymnastique qui force l’arrivée des crampes. Lorsque l’on sait que bon nombre de jeux modernes tendent à vous positionner les pouces sur les joysticks et les index sur les gâchettes, c’est immédiatement un malus important.
Ecran de l’Anbernic RG552
L’Anbernic RG552 est équipée d’un écran IPS tactile de 5,36 pouces en définition Full HD et au format 5:3. De bonne facture, la dalle descend suffisamment bas en luminosité pour ne pas éclater vos yeux la nuit, et suffisamment haut pour rester lisible en plein soleil. On est loin de la qualité des écrans des smartphones haut de gamme modernes, bien évidemment, mais ce n’est pas la visée du produit. Sa grande taille, qui n’est pas sans rappeler la PS Vita en son temps, rend la majorité des jeux parfaitement lisibles. C’est un terrain sur lequel les plus petites consoles de son acabit peuvent poser des soucis.
Le ratio 5:3 est un excellent choix de la part d’Anbernic, la RG552 étant destinée à jouer à des jeux de l’ère 8/16 bits autant que des plateformes plus modernes comme la PSP. En se plaçant à 5/3, elle joue la moyenne entre le 4:3 et le 16:9, les deux formats les plus populaires pour les consoles qu’elle cherche à émuler. Le Full HD est également bienvenu pour la précision de l’affichage, même si une version 720p aurait pu permettre une meilleure autonomie pour l’Anbernic RG552 sans un sacrifice trop conséquent.
L’affichage en lui-même est cependant bien relatif aux smartphones. Comprenez que l’écran tire naturellement vers le bleu et les couleurs saturées, comme le veulent les smartphones modernes. Mais contrairement à ces derniers, l’Anbernic RG552 ne permet pas de régler sa colorimétrie dans ses paramètres. Vous aurez donc des couleurs séduisantes, mais qui ne sont pas représentatives de la réalité. Si vous n’avez jamais fait attention à cela sur votre smartphone, vous ne serez pas choqués. Si vous êtes du genre à régler ce paramètre en premier sur un nouvel appareil, vous serez frustrés.
Logiciel de l’Anbernic RG552
L’Anbernic RG552 est livrée avec Android 7.1.2 installé d’office. Les dernières mises à jour offertes par Anbernic ont permis de retrouver l’intégration d’office du Google Play Store sur sa plateforme, ce qui n’était pas le cas à la sortie de l’appareil. Mais c’est à peu près tout. La console est également fournie avec une carte SD vous permettant de retrouver sa propre interface sous Linux, comme c’est généralement le cas pour ces consoles rétro.
Sous Linux
Ce test ne s’attardera pas énormément sur Linux, pour une raison simple : le système ne permet pas de retrouver les applications Android des services de cloud gaming, ni même les versions web. Il est intégralement dédié à l’émulation, comme c’est le cas sur la majorité des consoles rétro vendues jusque là. Notez tout de même une chose : l’interface Linux livrée par défaut avec l’Anbernic RG552 est presque inutilisable. Sortis des jeux illégalement livrés avec la machine, il n’est pas possible d’ajouter sa propre bibliothèque sans prise de tête. Il vous faudra forcément flasher une autre version de Linux sur votre carte SD, comme JelOS ou 552Elec. Nous nous arrêterons donc là sur cet aspect.
Sous Android
La console est livrée d’office avec pléthores d’émulateurs pré-configurés pour tirer les meilleures performances de l’Anbernic RG552, ce qui est un gros plus. Elle utilise également ATV Launcher par défaut pour faciliter son utilisation via les touches de la console plutôt que l’écran, ce qui est confortable. Le Play Store pré-installé facilite également les choses, même si bon nombre de ces applications sont installés dans leurs versions payantes et ne se mettront donc pas à jour naturellement via celui-ci. Il vous faudra payer une licence vous-même, ou installer la version gratuite et la reconfigurer.
En prime de cela, Anbernic a ajouté à sa version d’Android 7.1.2 la possibilité de configurer une manette virtuelle qui vous permettra d’utiliser la console sur des jeux Android qui ne supportent pas les manettes. On pense notamment à Genshin Impact, qui n’a toujours pas déployé cette possibilité malgré le fait qu’iOS en profite. La fonctionnalité est bien là, mais buggée : le joystick droit ne fonctionne pas comme on l’imaginerait notamment, et ses zones ont tendance à glisser d’elles-mêmes à l’usage rendant le tout caduque.
En tout et pour tout, on peut dire une chose du support logiciel de l’Anbernic RG552 : il est incomplet. Il n’est par exemple pas possible de passer les touches au format Xbox pour profiter plus naturellement des plateformes de cloud gaming. Et si seulement c’était l’unique problème… Toutes les touches ne sont pas reconnues. Nous avons testé la console avec GeForce Now et Game Pass Ultimate, et les gâchettes R2 et L2 ne sont tout simplement pas reconnues. Même problème avec Shadow, alors que le service de cloud gaming est plus facile à configurer librement.
C’est simple : la manière dont Anbernic a intégré ses touches au système est incomplète. La console n’a pas été conçu avec Android en tête, et ça se voit. Notez qu’un custom firmware développé par Black Seraph permet de corriger ces défauts, et de passer à Android 9 au passage. Mais d’une, il est payant, et de deux, ce n’est pas à la communauté de corriger ces défauts, mais au constructeur qui a semble-t-il abandonné en cours de route.
Performances de l’Anbernic RG552
Résultats de benchmark
- Geekbench 5 : 263 (single core) / 715 (multi-core)
- Sling Shot Extreme (OpenGL ES 3.1) : 794
- Speed test (fibre Sosh 300 mbit/s) : 48,9 Mbit/s down, 47,4 Mbit/s up, 4ms de ping
Il n’y a pas de miracle avec une puce aussi ancienne que la Rockchip RK3399, qui date de 2016 et était déjà destinée à l’entrée de gamme à son époque. C’est surtout le modem qui lui est lié qui déçoit : l’Anbernic RG552 ne supporte que le Wi-Fi 2.4 GHz. Si son ping n’est pas élevé sur mon réseau 2.4 GHz qui n’est pas très peuplé, l’instabilité de la technologie en fait un point noir pour le cloud gaming.
Performances en jeu
Toujours pas de miracle lorsqu’il s’agit de lancer un jeu Android récent. Même en le réglant à son niveau le plus faible, Genshin Impact n’offre pas des conditions de jeu décentes avec cette puce bien trop faible pour lui. Toucher le 30 FPS tient du miracle, alors oubliez directement l’idée de pouvoir jouer en 60 FPS.
Même concernant l’émulation, l’Anbernic RG552 n’est pas aussi satisfaisante qu’elle ne devrait l’être. Si jouer à des jeux 8 bits, 16 bits ou 32 bits ne lui posera pas trop de problèmes, on ne peut pas en dire autant par la suite. Les jeux Saturn se lancent, mais connaissent souvent de nombreux ralentissements. Quant aux jeux PSP, c’est tout simplement à oublier : même Valkyrie Profile Lenneth, la ressortie du jeu PS1 sur la PSP qui n’a connu aucune amélioration, ne tourne pas correctement sur l’Anbernic RG552.
C’est là que le choix de modem d’Anbernic blesse le plus. S’ils avaient au moins fait l’effort d’intégrer une puce compatible avec le Wi-Fi 5GHz, elle trouverait sa puissance grâce au cloud gaming. En l’état, garantir une connexion assez stable pour jouer est hasardeux. Je dois dire que j’ai pu jouer à Final Fantasy 6 Pixel Remaster à partir de mon Shadow sans encombre, si ce n’est le manque de reconnaissance des gâchettes vus dans la partie logicielle, mais ce n’est pas un benchmark en soi. Plutôt une invitation à calmer ses ardeurs.
Refroidissement actif
Tout ceci est bien dommage car dans sa conception, Anbernic a été intelligent. La RG552 profite d’un refroidissement actif, qui prend l’air frais au dos de la console et l’expulse vers le haut. Cette configuration permet naturellement aux appareils Android de tenir leurs performances maximales sur de plus longues sessions, mais aurait également pu offrir au constructeur l’occasion d’overclock un minimum sa puce pour en tirer plus de jus.
Il n’y a également aucune possibilité de régler manuellement le comportement du ventilateur. Si sa courbe est efficace, on aurait apprécié pouvoir forcer son activation et gérer sa puissance pour tenter d’obtenir de meilleures performances dans les émulateurs 3D. Notez d’ailleurs que le ventilateur est certes plus bruyant qu’une Nintendo Switch, mais n’est pas pour autant dérangeant. Audible sans être une nuisance.
Son de l’Anbernic RG552
Les deux haut-parleurs intégrés à l’Aubernic RG552 sont de plutôt bonnes factures. Ils savent surtout se faire entendre et pousser le son plus que de nombreux autres appareils, mais celui-ci n’est pas équilibré. Puissant sur les médiums, il peut vite saturer sur les aigus, tandis que les graves sont presque inexistants. Ceci étant, pour une console portable… Le contrat est rempli.
La prise jack vous permettra de profiter d’un casque filaire plus performant. Mais hélas, l’Anbernic RG552 n’intègre pas non plus de Bluetooth ; impossible d’utiliser vos écouteurs sans fil préférés sur celle-ci.
Autonomie de l’Anbernic RG552
L’Anbernic RG552 profite d’une batterie de 6400 mAh, séparée en deux blocs de 3200 mAh chacun et rechargeable via le port USB-C dédié situé en haut de l’appareil. Elle est également fournie avec un câble USB-C et un bloc de recharge adapté, qui sont de bonne facture qui plus est. Avec ce genre d’appareils, l’autonomie dépend fortement du genre de jeux que vous souhaitez lancer. Anbernic met en avant 6 heures d’autonomie, ce qui est une bonne métrique. Dans les faits, elle consommera beaucoup moins si vous jouez à un jeu 2D : de l’ordre de 5% par demi heure, pour une dizaine d’heures d’autonomie.
Si vous cherchez à jouer à des jeux 3D très gourmands (ce qui n’est pas vraiment à la hauteur du SoC de toute manière), cette autonomie tombera bien vite dans les 3/4 heures. 6 heures d’autonomie est donc la juste moyenne. Le test d’autonomie PC Mark confirme cela en lui octroyant 5 heures et 50 minutes d’autonomie de 100 à 20% avec la luminosité réglée à la moitié de sa puissance. La console se recharge de 0 à 64% en 1 heure éteinte, ce qui équivaut à une charge de deux heures en moyenne en veille.
Prix et alternatives à l’Anbernic RG552
La dernière console d’Anbernic est vendue officiellement à 226,99 dollars. Les revendeurs français la placent généralement aux alentours de 230 euros également ; ne vous faites pas avoir par des prix élevés.
Deux concurrents principaux s’élèvent contre l’Anbernic RG552. D’un côté, nous avons la Retroid Pocket 2+, qui propose des performances relativement similaires — bien qu’un format plus petit — à 99 dollars. De l’autre, nous avons l’AYN Odin, qui dans un format parfaitement similaire réclame 218 euros sur sa campagne Indiegogo pour des performances bien supérieures et une ergonomie améliorée.
Les plus
- Construction solide
- Marque réputée
- Boutons de bonne facture
- Emulateurs pré-optimisées
Les moins
- Ergonomie à revoir sur un grand format
- Suivi logiciel raté
- Incompatible avec le cloud gaming
- Trop chère face à ses concurrents
Conclusion
L'Anbernic RG552 est simplement le résultat d'un constructeur qui ne s'attendait pas à l'arrivée de ses rivaux. Sur bien des points, elle suit l'excellente formule de sa petite sœur la RG351M. Mais face aux nouveaux concurrents que sont Retroid et AYN, ça ne suffit plus. La déception vient surtout de l'arrivée d'Android, dont Anbernic ne profite pas véritablement. Un raté qu'on espère temporaire, et rattrapé sur un futur produit à la hauteur de la marque.